- ouvrages généraux
Vivre avec nos morts.
un livre qui rassemble des vies ou des deuils qu'elle a accompagnés de par sa fonction, mais aussi des réflexions issues de ses propres expériences ou des textes sacrés. De l'enterrement d'Elsa, la « psy » de Charlie lors duquel Delphine Horvilleur officie en « rabbin laïc », à Isaac, que son grand-frère voudrait retrouver et auquel on ne sait pas apporter de réponses, - car comment parler de la mort à un enfant ? -, Delphine Horvilleur côtoie la mort mais aussi la vie, l'une et l'autre se tenant par la main, en particulier dans la religion juive.
« Tant de fois je me suis tenue avec des mourants et avec leurs familles. Tant de fois j’ai pris la parole à des enterrements, puis entendu les hommages de fils et de filles endeuillés, de parents dévastés, de conjoints détruits, d’amis anéantis… »
Etre rabbin, c’est vivre avec la mort : celle des autres, celle des vôtres. Mais c’est surtout transmuer cette mort en leçon de vie pour ceux qui restent : « Savoir raconter ce qui fut mille fois dit, mais donner à celui qui entend l’histoire pour la première fois des clefs inédites pour appréhender la sienne. Telle est ma fonction. Je me tiens aux côtés d’hommes et de femmes qui, aux moments charnières de leurs vies, ont besoin de récits. »
A travers onze chapitres, Delphine Horvilleur superpose trois dimensions, comme trois fils étroitement tressés : le récit, la réflexion et la confession. Le récit d’ une vie interrompue (célèbre ou anonyme), la manière de donner sens à cette mort à travers telle ou telle exégèse des textes sacrés, et l’évocation d’une blessure intime ou la remémoration d’un épisode autobiographique dont elle a réveillé le souvenir enseveli.
Nous vivons tous avec des fantômes : « Ceux de nos histoires personnelles, familiales ou collectives, ceux des nations qui nous ont vu naître, des cultures qui nous abritent, des histoires qu’on nous a racontées ou tues, et parfois des langues que nous parlons. » Les récits sacrés ouvrent un passage entre les vivants et les morts. « Le rôle d’un conteur est de se tenir à la porte pour s’assurer qu’elle reste ouverte » et de permettre à chacun de faire la paix avec ses fantômes…
- Auteur : Delphine Horvilleur
- Aux éditions : Grasset
- Années : 2021