Article rédigé par Line Asselin, formatrice, auteur d’ouvrages sur le deuil, l’accompagnement de fin de vie et sur la maladie d’Alzheimer.
Accompagner en conscience. Voilà une aspiration qui me tenait à cœur depuis longtemps.
Accompagner l’Autre dans ses interrogations, dans ses choix, dans ses projets. L’accompagner dans sa souffrance, dans son désert, dans ses peurs. L’accompagner dans son chemin de vie, parfois un simple instant.
Finalement, l’accompagner à se rencontrer, à se reconnaître, à faire un lien entre soi et soi.
Mais comment accompagner avec respect ? avec bienveillance ? avec confiance ? Comment respecter l’Autre dans sa liberté d’être ? Comment respecter sa souffrance ? Comment respecter sa demande ? Être en conscience.
C’est donc un accompagnement en conscience de celui qu’il est, là où il en est. Être en conscience que chaque réponse, chaque clé de guérison, chaque « passage » vient de lui et non de moi.
Avoir conscience et confiance dans sa capacité à guérir, à se rencontrer et à se reconnaître.
Avoir conscience et confiance dans sa faculté à renaître de ses douleurs, de sa culpabilité, de ses peurs, de ses regrets, de sa solitude.
Avoir conscience et confiance dans son aptitude à rallier son mental au service de son cœur.
Mais c’est aussi et surtout être en conscience de qui je suis, là où j’en suis.
Avoir conscience que l’Autre, lorsqu’il est en souffrance, peut s’en remettre à quelqu’un, lui donner son pouvoir d’action. Et que cela peut être séduisant ou rassurant quand on est accompagnateur : « Je vais t’aider à guérir, je vais te sauver. Je sais, écoute-moi ». Or, accompagner en conscience, c’est se souvenir qu’il possède en lui toutes les clés pour guérir. Il lui faut seulement, parfois, quelqu’un qui le lui rappelle, qui l’accompagne à se rencontrer en toute confiance.
C’est donc être en conscience de qui l’on est : de son désir de sauver l’autre, de son désir d’être aimé(e). C’est avoir conscience de ses peurs, de son propre désert, de sa propre souffrance.
C’est avoir conscience et reconnaître la personne que je suis en profondeur, dans mon cœur. En me formant à l’accompagnement en conscience, il m’a fallu me rencontrer et me reconnaître. Il m’a fallu apprendre à m’aimer.
L’accompagnement en conscience, c’est faire le choix d’être au meilleur de soi-même pour accompagner l’Autre. C’est faire le choix de s’aimer avec bienveillance et humilité pour pouvoir l’aimer et l’accompagner avec respect et confiance en retour.
Enfin, j’y ajouterai un élément plus personnel. C’est parce que…
… je crois à ce que Paolo Coelho appelle la « légende personnelle »,
… que j’ai foi en plus grand que moi,
… que je vois chacun comme faisant partie de l’âme du Monde, que mon accompagnement se fait dans cette conscience et cette confiance. Ça m’est d’ailleurs essentiel lors de l’accompagnement en fin de vie et l’accompagnement au deuil.
Je ne peux donc pas tout comprendre, tout expliquer et tout soutenir, mais j’ai foi en toi, j’ai foi en moi et j’ai foi en plus haut.
L’accompagnement en conscience est pour moi un accompagnement destiné à chacun, à tout être humain en lien avec un autre être humain, à tout être vivant en lien avec un autre être vivant.
Un soignant, un enseignant, un bénévole, un parent, un ami…